Entrevue avec une victime

Afin d’étudier les différents points de vue que peuvent avoir les personnes sur la liberté de presse, j’ai décidé d’interviewer une personne en ayant été victime plus qu’autre chose. Je me suis donc entretenue avec Daniel Chabot, professeur au collège de Rosemont.

Q : Trouvez-vous que la liberté de presse est trop grande ou trop petite ? Pourquoi ?

Je ne vois pas ça en terme de trop grande ou trop petite liberté, mais plus en terme d’abus de la liberté de presse à l’occasion. Par exemple, je trouve que les médias se substituent trop aux systèmes légaux, en voulant «faire la loi» ou régler des comptes. Il suffit de penser au journalisme d’enquête, qui utilise toutes sortes de moyens clandestins pour arriver à leurs fins.

Q : Avez-vous déjà eu des problèmes liés à la liberté de la presse ? Si oui, lesquels et pourquoi ?

Oui, notamment en lien avec ma religion. En effet, je suis membre de la Religion Raëlienne depuis presque 40 ans. Aussi, j’occupe des fonctions et j’ai subit à plusieurs reprises des incursions des médias dans ma vie privée. Un exemple flagrant est l’enquête du Journal de Montréal par Brigitte McCann et Chantal Poirier, qui se sont infiltrées dans notre organisation en se faisant passer pour des membres. Elles ont caché des caméras et photographié plein de personnes dont moi dans des activités privées. Or, la prise et la publication de photos sans autorisation de la personne est une violation du droit fondamental à la vie privée. Ces journalistes sont même venues me photographier dans ma salle de classe alors que mes étudiants étaient en examen et ont par la suite publié ma photo dans leurs journaux. On a frappé à la fenêtre de ma porte de classe, on m’a pris en photo et ensuite le photographe s’est enfui comme un voleur…

Q : Quelles seraient, d’après vous, les solutions pour que la liberté de la presse soit moins grande ?

Restons sur le volet abusif si vous voulez bien, car la liberté ne se mesure pas en taille. Ce n’est pas facile à contrôler et solutionner. Mais chose certaine, la presse et les médias appartiennent à des grosses entreprises privées qui vivent de la nouvelle et de l’information. Ils s’appuient sur le droit à l’information et l’intérêt public. Ils font beaucoup de bonnes choses. Mais comme ce sont des organismes extrêmement lucratifs, leur mission d’informer se confond avec le coté business, politique et financier. Ce n’est pas pour rien que les entreprises comme Power Corporation et Quebecor sont aussi puissantes et riches. Lorsqu’on détient à la fois le pouvoir de l’information et le pouvoir financier, si la sagesse et la mesure ne sont pas là et que le seul but est la rentabilité, alors on assiste à des dérives incroyables. Je suis personnellement stupéfait de voir que les médias ne se limitent pas à transmettre objectivement l’information sur l’actualité, mais aussi, qu’ils fabriquent littéralement de l’information avec comme motivation claire de vendre cette information. Le nerf du mal est encore et toujours le même: l’argent ! Et on ne parle pas de la féroce compétition entre les médias. La tentation est grande de jouer à Don Quichotte et de vouloir faire la loi avec l’information… La solution ? Sans doute séparer le business lucratif et la transmission de l’information. Comment? En ayant des organismes non gouvernementaux, indépendants des pouvoirs de l’État et aussi qui sont sans buts lucratifs. Un peu comme l’ONU, et l’OMS, avec des antennes dans tous les pays du monde pour assurer l’information pure et objective.

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